Rentrée scolaire : l’école au-delà de l’écran

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Une rentrée assurée mais une année qui pourrait être difficile

Vers une rentrée normale ? En dépit des signes de reprise de l’épidémie, la rentrée aura bien lieu pour tous, avec le port du masque obligatoire pour les élèves de plus de 11 ans et une continuité du protocole sanitaire déjà établi, comme l’a souligné Jean-Michel Blanquer dans une conférence de presse mercredi 26 août. Toutefois, si les conditions sanitaires l’exigeaient dans les prochains mois, le ministère de l’Éducation nationale a envisagé deux scénarios de continuité pédagogique : un protocole strict avec réduction de la capacité d’accueil afin d’observer les règles de distanciation physique, ce qui implique un emploi du temps hybride en présentiel et en distanciel, dont les modalités concrètes sont à la discrétion de l’établissement ; une fermeture des établissements présentant un foyer de contamination, avec enseignement exclusivement en distanciel. Ce risque, qui est loin d’être improbable, laisse augurer une année de nouveau chahutée. Conscient de l’importance d’Internet, le ministre prévoit des États généraux du numérique en novembre.


« Cette rentrée est à haut risque », prévient Victor Meunier, directeur d’investissement social et d’accompagnement au sein de la Fondation Alpha omega, qui aide les associations dans le champ de l’éducation et de l’insertion professionnelle. « Environ un tiers des élèves se sont désengagés. Les collèges et lycées d’éducation prioritaire, ainsi que les lycées professionnels ont six mois de passif. L’urgence est à la remobilisation. » Dans une circulaire spéciale, le ministère de l’Éducation nationale a annoncé que la présence des élèves en classe n’était plus laissée à la libre appréciation des parents, mais impérative pour tous dès le 1er septembre. Et de souligner : « Rien ne peut remplacer l’action pédagogique d’un enseignant dans sa classe, en “présentiel”, avec ses élèves. »


L’importance du cadre de travail


On l’aura compris à la faveur de l’improbable « continuité pédagogique » à domicile : l’environnement compte. Travailler sans cadre, sans horaires, allongé par terre, dans le bruit et le désordre, ne favorise guère les apprentissages. Difficile pour tous, la continuité pédagogique s’est révélée impossible pour certains, à cause de la fracture numérique ou de conditions de vie corrélées à l’origine sociale.


Confinement et inégalités scolaires : la double fracture sociale


En positif, cette crise a démontré l’intérêt de l’institution. Enseignant en réseau d’éducation prioritaire, Jean-Baptiste Labrune explique : « Bien sûr, l’école est contraignante, son emploi du temps rigide, l’assiduité nécessaire à l’apprentissage. Mais quand il n’y a plus ce cadre, l’élève se surprend à n’avoir pas bossé l’espagnol, par exemple, pendant huit semaines… » 


Quand il n’y a plus ce cadre, l’élève se surprend à n’avoir pas bossé l’espagnol, par exemple, pendant huit semaines…

 – Jean-Baptiste Labrune, enseignant


D’après une étude menée en mai dernier par le Groupe réussite auprès de lycéens et de membres de classes préparatoires aux grandes écoles, la moitié d’entre eux avouaient avoir travaillé moins de 4h par jour pendant le confinement et la plupart (60%) ont estimé avoir pris du retard sur le programme. Les principaux obstacles rencontrés : difficulté à se motiver et à travailler seul, distractions – le canal d’apprentissage (ordinateur, tablette, Smartphone) étant le même que le canal de divertissement –, manque d’encadrement et d’explications, charge de travail élevée.


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