Les “Jeunes pour la paix” de Sant’Egidio croient à l’amitié avec leurs aînés

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Tisser des liens d’amitié avec les personnes âgées, c’est l’ambition qui motive une majorité de Jeunes pour la paix, mouvement laïc composé de collégiens, de lycéens et d’étudiants relié à Sant’Egidio. Cette communauté catholique, fondée à Rome en 1968 et présente dans 74 pays, est engagée dans la lutte contre la pauvreté et mène des actions en faveur de la paix dans différentes régions du monde. Outre une attention aux personnes de la rue (des maraudes sont organisées régulièrement) et aux enfants, elle combat la solitude des aînés.


Le rôle essentiel des visites


C’est auprès de ceux-ci qu’Iphigénie, 20 ans, s’investit particulièrement depuis la fin de ses années de collège : « On se rend une fois par semaine dans des maisons de retraite, car tous les pensionnaires n’ont pas de famille ou d’amis », explique l’étudiante en biologie. Lors de leurs rencontres hebdomadaires, des jeux et des balades sont proposés : « On leur apporte de la tendresse et, surtout, on leur montre que l’on a du temps pour eux », confie-t-elle. C’est bien le temps qui manque aux soignants, trop accaparés par les soins quotidiens. « Leur charge de travail est énorme, observe Hugo, 18 ans, étudiant en médecine, engagé depuis cinq ans dans le mouvement. De fait, les liens d’amitié sont difficiles à construire dans ces conditions. » Amaury, 20 ans, étudiant au cours Florent, abonde : « L’amitié joue un rôle capital dans nos vies et encore plus pour ces résidents en Éhpad. Nos visites permettent de briser la solitude ou, en tout cas, leur évitent de s’y enfermer. »


Un désarroi aggravé par la crise


Avec l’apparition du coronavirus, la plupart des maisons de retraite ont fermé, début mars, suspendant le droit de visite : « Nous avons écrit des lettres à nos amis pour les rassurer et leur dire que nous gardions le contact, détaille Hugo. Nous avons aussi enregistré des vidéos, pour leur parler, et, grâce à des animateurs restés sur place, certains ont répondu. » Il nous montre une vidéo sur son portable : « Regardez, c’est Jacqueline, ma “grand-mère”… enfin, une des personnes avec lesquelles je suis devenu ami. » Dans un autre Éhpad, Amaury a maintenu le lien avec Hélène, qui maîtrise très bien les réseaux sociaux : « Je suis même allé me poster en bas de sa résidence. » Depuis le confinement, les trois jeunes ne décolèrent pas vis-à-vis de la situation dans les Éhpad. Car, fin juin, les visites d’amitié n’étaient toujours pas autorisées. « Les personnes âgées ont vécu comme en prison, seules dans leurs chambres, pendant cette épidémie, tempête Iphigénie. La société leur répète qu’elles sont un poids, et même elles finissent par le croire. Cela me brise le coeur chaque fois qu’un pensionnaire auquel je rends visite me demande pourquoi je perds mon temps à venir les voir, alors que je suis jeune. »


Face à l’isolement des personnes âgées et au manque de considération dont elles sont souvent victimes, la communauté de Sant’Egidio a lancé un « appel international pour réhumaniser nos sociétés contre une santé sélective », intitulé « Pas d’avenir sans aînés ». De leur côté, les Jeunes pour la paix multiplient les efforts, dans tous les pays où ils sont implantés, pour revoir leurs amis résidents et organiser comme chaque année l’Été de la solidarité, c’est-à-dire des séjours de vacances où ils partent en groupe avec des personnes âgées, en institution ou isolées à domicile, prenant ainsi sur leur temps de congés. « Être amis est un engagement important, et tout le monde peut le faire », conclut Amaury.


À savoir

Pour rejoindre l’Été de l’amitié et de la solidarité ou signer l’appel international « Pas d’avenir sans aînés » : santegidio.org



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