“Les Filles du docteur March” : ma sœur, alliée ou rivale ?

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D’abord, il y a Meg, l’aînée, raisonnable et un peu envieuse, puis l’intrépide Jo, suivie de Beth, douce et réservée, et enfin l’orgueilleuse cadette, Amy. Quelle fille n’a pas rêvé d’une bande de sœurs, soudées à jamais malgré les difficultés et les disputes, à la manière des Quatre Filles du docteur March ? Ce roman américain de Louisa May Alcott, publié en France en 1880 et dont une nouvelle version cinématographique vient de sortir (les Filles du docteur March, de Greta Gerwig), est un succès international qui exalte avec talent la vie d’une tribu familiale féminine, sans en cacher les heurs et malheurs.


Une jalousie inévitable et nécessaire


Subtile et complexe, la relation entre sœurs est un sujet intemporel et une source intarissable pour la littérature et le cinéma. Elle y est traitée avec un leitmotiv dominant : la rivalité. « Qu’elle soit dotée d’un ravissant petit pied (signe de vertu et de joliesse chez Cendrillon) ou d’une beauté plus qu’humaine, comme l’était Psyché dans la mythologie, dans les contes et légendes, une des sœurs dépasse souvent les autres en beauté ou en bonté, remarque la psychologue Maryse Vaillant, dans Entre sœurs. Une question de féminité (Albin Michel). Et elle le paie au prix fort ! » C’est ainsi que Cendrillon devient le bouc émissaire de ses belles-sœurs, et que Psyché subit la jalousie de ses sœurs. Pénétrant dans le somptueux royaume où cette dernière vit son amour avec Éros, ses deux aînées sèment le doute dans l’esprit de leur cadette : son mari, qu’elle n’a pas le droit de regarder, n’est-il pas un monstre hideux ? Bravant l’interdit, la malheureuse se lève au cours de la nuit pour le regarder dormir, mais le réveille en laissant malencontreusement tomber une goutte de sa lampe à huile sur le bras de son époux. Le dieu s’enfuit. Traversant mille tourments, Psyché passe sa vie à tenter de le retrouver…


La comparaison, la rivalité, voire la jalousie, seraient des sentiments inévitables entre sœurs, surtout quand elles sont d’âge proche. (…)

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