“À Cap Cœur, on ne fait pas les choses pour les jeunes, mais avec eux”

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Salésien de Don Bosco passionné par la musique, Benjamin Dewitte-Dubrana, 36 ans, a toujours aimé être au contact des jeunes. Envoyé en mission à la paroisse d’Argenteuil, dans le Val-d’Oise, le religieux explique avoir découvert dans cette commune « une qualité impressionnante de vivre-ensemble ». En 2015, après les attentats à Paris, il observe une envie de s’unir dans l’adversité. « Les enfants d’Argenteuil étaient bouleversés. J’ai vraiment senti le besoin de préparer une riposte et de faire entendre leurs voix. » Mais comment ?


« Prôner la coexistence active »


Investi dans le soutien scolaire avec le Valdocco, l’oeuvre sociale de la prévention de la délinquance d’Argenteuil, il est amené un jour à aider une jeune fille musulmane à réviser une chanson pour son cours de musique, et découvre que sa voix remarquable mérite d’être entendue. Problème : il est impossible de lui proposer de rejoindre le choeur de la paroisse, qui est exclusivement catholique. 


Benjamin Dewitte-Dubrana fait chanter les cœurs


Ensemble, l’adolescente et frère Benjamin trouvent le concept de Cap Coeur, une nouvelle chorale, multiconfessionnelle, celle-là. Ses missions ? « Changer les représentations que les gens peuvent se faire de cette banlieue parisienne » et « prôner la coexistence active, qui nécessite d’être curieux de découvrir l’autre ».


Ils partirent à douze…


Pour y parvenir, frère Benjamin a sollicité trois enfants juifs, trois musulmans, trois catholiques et trois sans religion. Douze au total, comme les apôtres. En quelques mois, ils enregistrent une première chanson, les Enfants de la miséricorde, dont le clip est sorti le jour de l’ordination de Benjamin, le 25 juin 2016. Trois ans plus tard, ils sont 30 enfants et adolescents à répéter tous les dimanches, pendant deux heures, dans une église d’Argenteuil. 


Chaque fois que les enfants se retrouvent, ils observent cinq minutes de “silence de la paix”.


Si la musique a une place importante, ils n’oublient pas la notion de partage inhérente au projet. Chaque fois que les enfants se retrouvent, ils observent cinq minutes de « silence de la paix », comme ils l’appellent. Pendant ce temps, chacun peut prier, méditer, réfléchir. « Le temps du coeur », pour découvrir les autres, est également proposé chaque semaine. « Pour Hanoukka, par exemple, le père d’une petite fille juive est venu expliquer à tous les enfants la symbolique et la pratique de cette fête », raconte le prêtre. 


Ces moments permettent à chacun de trouver sa place au sein du groupe. « La moquerie est bannie, ils peuvent vraiment se montrer comme ils sont », se réjouit Benjamin Dewitte-Dubrana, qui remarque de nombreux changements chez les jeunes qu’il accompagne. « On a des résultats positifs car on ne fait pas les choses pour eux, mais avec eux ! », revendique-t-il.


Une popularité inédite sur Youtube


En 2018, la bande d’enfants et de jeunes adolescents a enregistré en studio son second single, avec Yoann FreeJay, gagnant de l’édition 2013 de The Voice. Leur clip, Couleurs Love (disponible sur YouTube), a permis à Cap Coeur de connaître une popularité inédite, et a même attiré les caméras de France 2 pour un documentaire qui sera diffusé, ce 21 juillet, dans le Jour du Seigneur.


Malgré cela, frère Benjamin s’apprête à tirer sa révérence à Argenteuil pour suivre d’autres missions religieuses et projets artistiques. Avant, il espère récolter assez de fonds pour rendre pérenne cette initiative, dont le concept est déjà repris dans d’autres villes françaises.


À savoir

Cap Coeur : www.capcoeur.com

Le Jour du Seigneur, sur France 2, diffuse un documentaire consacré à Cap Cœur, le 21 juillet, à 10h30.

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