Une nuit dans l’antre de l’église Saint-Sulpice

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Il est 18 heures, ce mardi soir, quand j’ai rendez-vous à l’église Saint-Sulpice de Paris. C’est en ses murs, que Dan Brown a choisi de camper en 2003 une partie de l’action de son best-seller mondial, Da Vinci Code. Si son intrigue a, depuis, conduit plusieurs milliers de lecteurs en pèlerinage sous ses voûtes, ce soir-là c’est Danielle Randria qui se propose de nous mener à la découverte des trésors cachés de l’édifice, en empruntant des passages insoupçonnés, exceptionnellement accessibles. Danielle connaît bien ces lieux ; elle a beau être guide bénévole depuis 15 ans à Saint-Sulpice, l’histoire foisonnante du monument ne cesse de la surprendre.


Nous montons les 222 marches d’un étroit escalier en colimaçon, bientôt éblouis par un faisceau lumineux qui jaillit depuis la galerie-terrasse. Au loin, les toits de Paris et la Tour Eiffel. Danielle nous tire de notre contemplation. « Avez-vous remarqué ces deux femmes ? », s’enquiert-elle en désignant les statues entourant un immense saint Sulpice drapé. « À gauche, la première symbolise la paix, avec sa couronne de laurier, et à droite, regardez le pélican – symbole christique -, c’est l’allégorie de la religion ». Avant de désigner une arcade, la seule à la surface sculptée : « L’architecte Servandoni chargé de la restauration de cette façade, haute de 70 m, a dû abandonner le chantier en 1745. Poursuivi par ses créanciers, il s’est réfugié en Angleterre. »


Puis on redescend : direction l’antre de l’église. Un couloir sous la charpente mène à une porte en bois. Munis de bougies, nous pénétrons un par un dans la crypte. Dans un recoin, une chanteuse nous fait frissonner de sa voix de soprano. Les yeux s’habituent à la pénombre. Nous sommes dans ce qui reste de la première église construite au XIIIe siècle. Un lieu singulier, puisque saint Vincent de Paul est venu prêcher sous ses voûtes. Nous restons silencieux, subjugués par l’intimité du lieu. La flamme des bougies éclaire les inscriptions gravées sur la pierre noire. L’une d’elles nous intrigue : « Mademoiselle de Montpensier devenue reine d’Espagne a été inhumée dans ce caveau en 1742. » 


« Renvoyée en France après un litige entre le roi d’Espagne et Louis XV, elle a fini ses jours au palais du Luxembourg dans l’anonymat », poursuit Danielle qui précise : « C’est la seule femme au milieu des évêques. » J’apprends aussi que saint Sulpice, qui fut l’évêque de Bourges et auquel ce monument est dédié, n’est jamais venu ici. Étonnamment ! « Il est mort en 647. En souvenir de la première église qui dépendait de l’abbaye de Saint-Germain-des-Prés, fondée par le roi des Mérovingiens, les abbés ont dédié celle-ci à l’archevêque de Bourges car il était proche de cette dynastie », souffle Danielle. Fin de la visite, je repars avec une certitude : la nuit, nos églises se révèlent de manière insolite. De quoi me donner envie de m’inscrire de nouveau à l’une ou l’autre des visites qui seront proposées à la fin du mois, partout en France.


Pour vivre la Nuit des églises

Du 30 juin au 7 juillet, 500 édifices en France ouvriront leurs portes pour la Nuit des églises, où se tiendront des expositions, concerts, performances et parcours aux chandelles. Avec aussi des propositions insolites, comme un parcours à rollers pour les ados afin de découvrir cinq églises parisiennes. Cette manifestation est organisée depuis sept ans par la Conférence des évêques de France : « L’objectif, c’est que culte et culture se rencontrent, explique Maud de Beauchesne-Cassanet, coorganisatrice. Il faut redonner un coup de projecteur sur ce patrimoine qui est celui de tous. » www.narthex.fr

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