Thomas Pesquet défend la liberté de la presse

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Les mordus du cosmos : pourquoi le ciel fait-il toujours autant rêver ?


Il a des manières simples et le regard doux. L’air du gendre idéal. Thomas Pesquet, ingénieur aéronautique, a été propulsé star internationale depuis son voyage interstellaire. Il est le dixième Français envoyé dans l’espace. Né en 1978, il est aussi le plus jeune astronaute européen. Depuis son retour le 2 juin, après six mois passé dans la Station spatiale internationale à 400 km d’altitude, le Rouennais réapprend à s’acclimater à la Terre. Aminci – il a perdu sept kilos – et grandi – il a pris trois centimètres. « Content de retrouver la nature, les grands espaces et les proches. » Mais déjà en manque d’aventure spatiale. Et le regard tourné vers Mars, sur laquelle l’homme – pourquoi pas lui ? – pourrait poser les pieds en… 2035.


Jeudi 31 août, Thomas Pesquet, basé à Cologne à l’Agence spatiale européenne, était à Paris, au restaurant l’Étoile du Nord, pour une « soirée privée », mi-conférence de presse mi-rencontre avec un public hétéroclite d’enfants émerveillés et d’adultes babas. Aux côtés de Pierre Haski, président de Reporters sans frontières (RSF), ce « héros positif » présentait l’album 100 photos pour la liberté de la presse de RSF, exceptionnellement tiré à 150.000 exemplaires. « La Turquie, où Loup Bureau est détenu, est devenue la plus grande prison de journalistes au monde. Au Mexique, dix journalistes ont été tués en 2017. C’est aujourd’hui pour eux le pays le plus dangereux », explique Pierre Haski en introduction. L’astronaute semble sensible aux menaces qui pèsent sur la liberté d’informer : il a choisi de confier à RSF une partie de ses clichés pris dans l’espace. De la brousse australienne au désert de sel du Bostwana. De la ville syrienne de Homs, dévastée, au fleuve Betsiboka à Madagascar.


La Turquie, où Loup Bureau est détenu, est devenue la plus grande prison de journalistes au monde.

– Pierre Haski, Reporters sans frontières


S’est-il pris pour un journaliste là-haut parmi les étoiles ? Un peu. Il se confie. « Au départ, je n’étais pas dans une démarche journalistique. Mais je crois que j’ai fait un peu de photo-journalisme. Je prenais des photos pas seulement pour la beauté de l’image mais pour un message : montrer la pollution, dire la fragilité de la Terre. J’ai eu la chance de pouvoir partager cette information libre, non contrôlée. Ma conscience environnementale est aujourd’hui plus aiguë. Elle s’est développée pendant mon vol spatial. J’ai compris et intégré la réalité du réchauffement climatique. » Tous les soirs, entre 21h et 23h, l’astronaute prenait des photos, les triait, les envoyait par mail. Il a aimé aussi multiplier les tweets. Mais c’est seulement en revenant sur Terre qu’il a su que ses messages intéressaient les gens. « Là-haut, je n’en avais pas conscience » avoue-t-il.


Pour cette conférence de presse pas comme les autres, Thomas Pesquet répond volontiers aux questions des enfants. On a lu auparavant qu’il souhaitait leur donner davantage envie de travailler à l’école. Et que lorsqu’il était lui-même petit, il avait dans sa chambre un poster de cosmonaute épinglé au mûr. Le môme Pesquet a accompli ses rêves. Il dit souvent que ses parents, papa prof de maths et de physique, et maman institutrice, lui ont donné « des racines et des ailes ».


Donc les enfants l’interrogent. « – Tu dormais comment ? – Accroché au mur dans un sac de couchage. – Tu mangeais quoi ? – De la nourriture lyophilisée, mais aussi de rares fois les plats de Thierry Marx, le chef étoilé, que j’avais emportés et que je faisais goûter aux autres spationautes. C’est dur de manger dans l’espace, la nourriture vole, elle fait des tâches sur le plafond. » Une adulte veut savoir s’il y avait « des rixes » parfois dans le vaisseau spatial. « Non, tout se passe en bonne intelligence. Nous avons aussi été sélectionnés pour ça. Parce que nous sommes des gens patients, faciles à vivre. » Quand on lui demande ce qui l’a le plus surpris dans l’espace, il se lance dans une superbe description de la planète bleue. « De là-haut, non seulement on voit la forme de la Terre, qui je vous assure est vraiment ronde, mais surtout on voit qu’elle luit. Elle est d’un bleu presque phosphorescent, elle brille. C’est vraiment fascinant. »


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100 Photos de Thomas Pesquet pour la liberté de la presse, RSF

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