Un filet implanté dans le cœur soignerait l’insuffisance cardiaque mieux que le pacemaker

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Ce filet implanté autour du coeur d'un rat entraîne des contractions qui soulagent l'insuffisance cardiaque. - Crédit : J. Park et al, Science Translational Medicine (2016)

Ce filet implanté autour du coeur d’un rat entraîne des contractions qui soulagent l’insuffisance cardiaque. – Crédit : J. Park et al, Science Translational Medicine (2016)

Un filet qui enrobe un cœur souffrant afin de le faire battre, et ainsi éviter les crises cardiaques. Ce nouvel implant, testé avec succès chez le rat, pourrait devenir une solution alternative au pacemaker, qui ne convient pas à toutes les personnes souffrant d’insuffisance cardiaque. Cette maladie touchant plus d’un million de personnes en France est due à une contraction insuffisante du muscle du cœur, ce qui empêche au sang de circuler suffisamment dans les organes.

Le principe : un filet électromécanique souple, à base de nanocâbles d’argent gainés de caoutchouc, enrobe ainsi toute la partie inférieure du muscle cardiaque, les ventricules, en s’adaptant à la forme unique de chaque cœur, comme un bas. En lui transmettant des impulsions électriques, il pousse le cœur à se contracter uniformément, pour qu’il pompe plus efficacement le sang aux organes. De plus, les impulsions électriques produites par les cellules cardiaques elles-mêmes, dans les parties saines du cœur, sont conduites par le filet à travers tout le muscle cardiaque. Le pacemaker, lui, ne transmet des impulsions qu’à certains points du coeur.

L'élasticité du filet destiné à cerner le cœur est illustrée ici. - Crédit : J. Park et al, Science Translational Medicine (2016)

L’élasticité du filet destiné à cerner le cœur est illustrée ici. – Crédit : J. Park et al, Science Translational Medicine (2016) (CLIQUER POUR VOIR L’ANIMATION)

filet electromecanique insuffisance cardiaque souris

Démonstration du filet autour d’un modèle de cœur de rat imprimé en 3D. – Crédit : J. Park et al, Science Translational Medicine (2016)

L’insuffisance cardiaque tue un patient sur deux dans les cinq ans

Le bénéfice pourrait être énorme pour toutes les personnes souffrant d’insuffisance cardiaque chez qui la pose d’un stimulateur  (pacemaker) est contre-indiquée. Car à l’heure actuelle, seule la moitié de ces patients survivent dans les cinq ans qui suivent le diagnostic — une mortalité plus élevée que la plupart des cancers ! Affaibli, le cœur risque tout simplement de s’arrêter, ce qu’on appelle communément une crise cardiaque.

Grâce à ce filet électromécanique gainant le cœur tout entier, les fibres musculaires se contractent de manière synchrone et le cœur bat normalement. C’est ce que l’équipe de Jinkyung Park (université de Séoul) et ses collègues de l’école de médecine d’Harvard sont parvenus à prouver chez des rats, comme détaillé dans la revue Science Translational Medicine ce 22 juin.

 

insuffisance cardiaque

Le filet électomécanique est composé de nanocâbles conducteurs dispersés uniformément dans du caoutchouc. De cette manière, le signal électrique se propage sur tout le muscle cardiaque pendant sa contraction. Myocardium : myocarde, soit le muscle cardiaque. Purkinje network : réseau des cellules de Purkinje, dont l’activité électrique entraîne la contraction des ventricules cardiaques. Electrophysiological conduction : l’impulsion électrique se propage dans les cellules du muscle, qui se contractent. – Crédit : J. Park et al, Science Translational Medicine (2016)

Chez ces rats de laboratoire, devenus insuffisants cardiaques à la suite d’un infarctus, la structure légère, élastique et biocompatible du filet a soulagé les parois cardiaques, en leur fournissant un soutien, tout en leur permettant de se détendre plus efficacement entre deux contractions. Il avait aussi une action défibrillatrice : en produisant une forte impulsion électrique, il permettait de stopper net les éventuelles fibrillations du cœur.

De plus, cette structure en argent et caoutchouc se fond avec les parois du cœur et mime le fonctionnement électrique de ses cellules : selon ses inventeurs, c’est le signe qu’elle a de chances de donner des bons résultats chez les patients humains. D’autres dispositifs épicardiaques (implantés à la surface du cœur) ont déjà été testés au niveau clinique, c’est-à-dire sur des patients humains, mais leur efficacité à long terme n’était pas satisfaisante. Les chercheurs estiment tenir là un outil qui fera avancer d’un pas la médecine régénérative vers la réparation du cœur.

—Fiorenza Gracci

 

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