Tchernobyl en photos, 30 ans après la catastrophe nucléaire

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Du haut d'une tour d'immeubles, vue sur la ville et la centrale. - Ph. Galia Ackerman

Du haut d’une tour d’immeubles, vue sur l’ancienne ville de Tchernobyl et sa centrale. – Ph.
Galia Ackerman

Il y a exactement trente ans, le 26 avril 1986 à 1h26 minutes, le réacteur n°4 de la centrale Lénine explosait à Tchernobyl, en Ukraine. La détonation fut si puissante qu’elle projeta le couvercle de béton de 2000 tonnes à 15 mètres de haut ! Une fuite d’hydrogène provoqua une deuxième explosion, puis un incendie.

Face à la première catastrophe nucléaire de l’histoire — classée par la suite au niveau 7, le plus grave, sur l’échelle internationale des événements nucléaires — l’inaction des autorités s’avéra tout aussi dramatique.

Ce ne fut pas avant le lendemain que la population la plus proche du site fut évacuée. Et pas avant le 29 avril que le régime soviétique n’annonça l’accident à l’international.

L'évacuation des populations les plus proches de la centrale nucléaire de Tchernobyl sont évacuées le jour après son explosion. - Photo d'archives via Galia Ackerman

L’évacuation des populations les plus proches de la centrale nucléaire de Tchernobyl le jour après son explosion. – Photo d’archives via Galia Ackerman

En Europe, la radioactivité double, quadruple, décuple

Le césium 137 qui s’échappa du réacteur forma un nuage radioactif qui se répandit à la faveur du vent sur une grande partie de l’Europe. “Presque tous les pays européens voient leur radioactivité atmosphérique doubler, quadrupler, voire décupler en quelques heures”, rapporte Science&Vie en juin 1986 (n°825).

Le décompte des dégâts n’a jamais été fait sérieusement : malformations, cancers de la thyroïde, maladies cardio-vasculaires… Ce que l’on a compté, ce sont les 100 000 personnes qui ont abandonné les régions contaminées de Biélorussie, d’Ukraine et de Russie dès 1989. L’étendue de la radioactivité s’évalue, quant à elle, à 12 milliards de milliards de becquerels.

A Tchernobyl, des personnes vivent encore dans la clandestinité

Aujourd’hui, la moitié de cette radioactivité s’est éteinte. Mais sur place, elle est toujours intenable. Et pourtant, une partie de la population de Tchernobyl et ses alentour y vit toujours, plus ou moins clandestinement.

La journaliste-écrivaine franco-russe Galia Ackerman raconte leurs existences dans ce cadre respirant la désolation dans son ouvrage Traverser Tchernobyl (éditions Premier Parallèle, 2016).

Un peu plus loin, 8 millions de personnes habitent encore dans des territoires ex-soviétiques touchés par une radioactivité hors-normes. Et à l’heure actuelle, dans le monde, près de 100 millions de personnes vivent à moins de 30 km d’un réacteur nucléaire en activité.

—Fiorenza Gracci

 

Tchernobyl aujourd’hui vu par la photographe Galia Ackerman

 

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Ci-dessous une interview de la journaliste-écrivaine franco-russe Galia Ackerman, auteure de Traverser Tchernobyl (Premier parallèle, 2016) parue dans S&V n°1183 (en kiosques au mois d’avril).


“Un modèle de désolation post-nucléaire”

S&V : Trente ans après la catastrophe, que reste-t-il de la région de Tchernobyl ?
Galia Ackerman : Je la vois comme un modèle de désolation post-nucléaire…  Quand on y songe, cette région formait avant 1986 un petit pays autonome et florissant : une ville nouvelle à la pointe du progrès (Pripiat), une cité médiévale (Tchernobyl), une source d’électricité (la centrale), une zone militaire équipée du plus grand radar à missiles balistiques d’URSS, des usines, des fermes agricoles. Aujourd’hui, on y trouve 10 000 personnes qui travaillent uniquement à contenir les conséquences de l’accident.

S&V : Est-ce que les habitants pren­nent encore des précautions ?
G.A. : Malheureusement, le travail de prévention a été étouffé. Plusieurs techniques avaient été proposées aux populations ­locales, très démunies et peu éduquées : comme celle de tremper les champignons – les protéines du pauvre – dans de l’eau salée pour retirer un maximum de radioéléments ; ou la procédure qui consiste à éliminer le “petit lait”, très pollué. Même si, bien sûr, ce ne sont pas des recettes miracles… Le problème, c’est que le dirigeant biélorusse Alexandre Loukachenko veut à tout prix faire oublier la catastrophe.

S&V : Que va devenir la zone interdite ?
G.A. : Les autorités ukrainiennes veulent reconquérir le terrain et réduire la zone interdite à un rayon de 10 km au lieu de 30 actuellement. Certains ont l’intention d’en faire une zone touristique : je n’y crois pas ! La ville de Pripiat, près de la centrale, a reçu des particules lourdes de plutonium dont l’activité ne s’estompera pas avant des dizaines de milliers d’années ; ici, il est interdit de fumer, manger ou boire sous peine d’inhaler une “particule chaude”. Il me semble hors de question de faire visiter cette ville fantôme au grand public. C’est finalement un endroit assez horrible et glauque, qui se détruira de lui-même.

—Propos recueillis par Vincent Nouyrigat

 

> Pour en savoir plus :

 

> Lire aussi dans les Grandes Archives de Science&Vie :

S&V 1126 - centrales nucleaires

  • Tchernobyl, et maintenant ? S&V n°1123 (2011). Après l’effondrement du sarcophage en béton, un immense hangar en acier est construit pour contenir la centrale et ses radiations meurtrières.

S&V 1123 - Tchernobyl hangar

  • Comment la vie reprend le dessusS&V n°1114 (2010). Après avoir été inondés de radiations, les êtres vivants continuent de vivre en se transformant sous le coup des mutations génétiques.

S&V 1114 - Tchernobyl vie reprend dessus

  • Tchernobyl, le vrai bilan reste à faire S&V n°1063 (2006). Vingt ans après la catastrophe, son impact ravageur sur la population et l’environnement n’a toujours pas été quantifié précisément.

S&V 1063 - Tchernobyl bilan 20 ans

 

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