Herbig-Haro 24 : les premiers feux d’une étoile naissante

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Deux jets de plasma brûlant s'échappent d'une étoile naissante, cachée par les voiles d'une nébuleuse, dans la constellation d'Orion. Jamais les astronomes n'avaient observé la nébuleuse Herbig-Haro 24 avec une telle précision. Cette image infrarouge, représentée ici en fausses couleurs, a été prise par le télescope spatial Hubble. Photo STSCI/Nasa/ESA.

Deux jets de plasma brûlant s’échappent d’une étoile naissante, cachée par les voiles d’une nébuleuse, dans la constellation d’Orion. Jamais les astronomes n’avaient observé la nébuleuse Herbig-Haro 24 avec une telle précision. Cette image infrarouge, représentée ici en fausses couleurs, a été prise par le télescope spatial Hubble. Photo STSCI/Nasa/ESA.

C’est l’une des plus impressionnantes images prises par le télescope spatial Hubble ces dernières années : invisible encore, plongée dans la ouate d’une nébuleuse lointaine, une étoile naissante jette ses premiers feux dans la constellation d’Orion. L’astre porte le numéro 24 du catalogue de Herbig-Haro, qui compte aujourd’hui près de cinq cent objets semblables.
Les objets de Herbig-Haro, du nom des astronomes américain et mexicain qui les ont les premiers étudiés intensivement dans les années 1950, sont minuscules et discrets, et exigent de grands télescopes, ou le télescope spatial Hubble, pour être observés en détail.

Ces trois images de HH 24 ont été obtenues, à gauche, par le télescope de 2,2 m de diamètre de l'observatoire de la Silla, au Chili, au centre par le télescope Gemini North de 8,2 m de diamètre, à Hawaii, à droite, par le télescope spatial Hubble de 2,4 m, dans l'espace. L'image de gauche a été prise dans la lumière visible, les deux autres en infrarouge. La résolution du télescope spatial, libéré de l'atmosphère terrestre, permet d'observer la minuscule nébuleuse en grand détail. Le champ représenté ici mesure seulement 1 minute d'arc de côté. Photos ESO/NOAO/Nasa.

Ces trois images de HH 24 ont été obtenues, à gauche, par le télescope de 2,2 m de diamètre de l’observatoire de la Silla, au Chili, au centre par le télescope Gemini North de 8,2 m de diamètre, à Hawaii, à droite, par le télescope spatial Hubble de 2,4 m, dans l’espace. L’image de gauche a été prise dans la lumière visible, les deux autres en infrarouge. La résolution du télescope spatial, libéré de l’atmosphère terrestre, permet d’observer la minuscule nébuleuse en grand détail. Le champ représenté ici mesure seulement 1 minute d’arc de côté. Photos ESO/NOAO/Nasa.

On les trouve dans les nébuleuses qui parsèment le plan galactique, en pleine Voie lactée, donc, et ils marquent de leur présence les pouponnières d’étoiles… La naissance des étoiles, en effet, cachée par des années-lumière de brouillard de gaz et de poussière interstellaire, est très difficile à observer. Au sein d’un nuage de gaz dense, froid et opaque, l’étoile se forme par effondrement gravitationnel. Le nodule de gaz qui va former l’étoile devient une sphère en rotation, de plus en plus dense et chaude, autour de laquelle le gaz résiduel dessine un disque en rotation. Durant le processus de formation de l’étoile, une partie de son énergie est violemment libérée dans son axe de rotation, sous la forme de deux jets de plasma brûlant, qui percent littéralement le milieu interstellaire. Ces jets, chauffés en moyenne à 10 000 degrés, sont expulsés à près de 1000 kilomètres par seconde et s’étendent jusqu’à une ou deux années-lumière de l’étoile naissante, avant de se diluer dans l’espace interstellaire. Ils sont peu denses, comptant environ 10 000 particules par centimètre-cube, et libèrent dans l’espace l’équivalent de une à vingt masses terrestres d’hydrogène et d’hélium…
Les objets de Herbig-Haro sont des phénomènes transitoires ; une fois l’étoile allumée, son rayonnement souffle les langes qui la protégeait, et les jets s’éteignent définitivement.

L'étoile naissante Herbig-Haro 24 se trouve non loin de la nébuleuse M 78, dans la constellation d'Orion. HH 24 se trouve à près de 1400 année-lumière de la Terre. Photos S.Brunier/ESO/Nasa/ESA/STSCI.

L’étoile naissante Herbig-Haro 24 se trouve non loin de la nébuleuse M 78, dans la constellation d’Orion. HH 24 se trouve à près de 1400 année-lumière de la Terre. Photos S.Brunier/ESO/Nasa/ESA/STSCI.

Les astronomes estiment à plus de cent mille les objets de Herbig-Haro brillant actuellement dans la Galaxie, mais, minuscules à l’échelle cosmique, 99 % d’entre eux leur échappent encore !
Le télescope spatial a révolutionné notre connaissance de ces véritables « lasers » cosmiques. En étudiant pendant plusieurs années ces astres avec le télescope Hubble, les chercheurs ont même réussi à obtenir de véritables time-lapse montrant leur progression dans l’espace interstellaire !
Si les scientifiques étudient ces premiers feux émis par les étoiles naissantes, la prochaine génération de télescopes, le télescope infrarouge James Webb dans l’espace, et les télescopes géants GMT, TMT et E ELT sur Terre, permettra probablement d’assister à la naissance d’une étoile « en direct ».
Serge Brunier

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