Pour Noël, des cadeaux "made in chez moi"

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À l’approche de Noël, le fait soi-même prend de jolies couleurs : celles d’un supplément d’âme, du temps investi pour l’autre et des cadeaux accessibles même aux petits budgets. À la jonction des crises économique et écologique, de la recherche d’authenticité et de créativité, le do it yourself (DIY) retrouve ses lettres de noblesse.

Allier plaisir et durabilité

Si les fêtes vous donnent envie de mettre la main à la pâte, quelques questions avant de commencer. Que pouvez-vous récupérer pour fabriquer votre cadeau ? Vous avez peut-être dans vos placards des pots en verre, des chutes de tissu, des restes de peinture qui peuvent être réutilisés et qui vous donneront même une base pour chercher la bonne idée. Cet objet va-t-il être utile, utilisé, durable ? Avec la confiture ou les bocaux gourmands, pas de doute, ils seront mangés ! Une housse de coussin pour votre tante dont vous connaissez la déco intérieure par coeur ou un bracelet pour votre coquette de soeur rempliront leur mission ! En revanche, les boucles d’oreille pour votre mère qui n’en porte jamais, les porte-couteaux qu’on ne peut pas laver à l’eau, cela paraît moins évident…

Pour vous aider, trois blogueurs vous livrent leurs bonnes idées. Guillaume Verdegay, le « jardinier urbain » de Le Coin jardin, vous guide dans la réalisation d’un terrarium ; Marion Poirot, de La Perchée de service, spécialiste en bonne humeur, option cuisine et bricolage, vous montre comment monter un kit gourmand en deux temps, trois mouvements ; et formée en cosmétologie et en aromathérapie, Émilie Hébert, de Mamzelle Emie, vous initie aux cosmétiques maison avec la recette de sa « barre de massage orange-cannelle ».

Fabriquer soi-même ses vêtements, sa nourriture, ses potions et ses ornements… La pratique est vieille comme l’outil ! Dans son mémoirepour l’École nationale supérieure de création industrielle – « Le DIY contemporain » –, Matthieu Vergote en fait remonter les racines à la révolution industrielle, citant parmi les contre-courants celui des shakers, des protestants attachés à produire eux-mêmes, dans la recherche de la perfection et l’économie des matériaux, leurs objets quotidiens. Nouvelle page de l’histoire du DIY, le mouvement Arts & Crafts (« arts et artisanats »), qui, derrière les écrivains, peintre et designer anglais John Ruskin et William Morris, réhabilite à la fin de l’époque victorienne le savoir-faire manuel « contre le règne du machinisme ».

Privilégier la sobriété

Une réflexion qui trouve aujourd’hui un écho : à l’heure où de nombreuses tâches de notre quotidien sont déléguées aux machines et où une grande partie des actifs passent la journée devant des écrans, faire soi-même est devenu pour de nombreuses personnes non seulement un plaisir, mais même une façon de se ressourcer et de se reconnecter avec la matière et une part de soi-même. Avec la prise de conscience écologique et l’aspiration à plus de sobriété, faire soi-même, c’est aussi privilégier la récupération et la débrouille, être capable d’offrir une deuxième vie aux objets et d’en assurer la durabilité. En témoigne l’engouement pour les recycleries, ressourceries ou les « repair cafés ».

Dans un article publié sur Agoravox.fr (« DIY, comment décrypter ce mouvement ? »), le sociologue Éric Donfu explique que la vague du DIY « est en phase avec les réflexes des consommateurs, de plus en plus “hérissons”, rétifs à la publicité commerciale, évaluant, comparant, testant de leur côté, de moins en moins fidèles aux marques. Il trouve aussi un écho dans ce mouvement de retour à la nature qui révèle les terroirs. Il accompagne la recherche de produits bio, la quête de sécurité alimentaire, tout comme l’attention portée au commerce équitable ».

Créer à l’ère d’Internet

Dans la période de consommation et de croissance des Trente Glorieuses, le mouvement hippie avait déjà posé les fondements de cette tendance en prônant le retour à une vie plus simple. En 1968, c’était le célèbre Whole Earth Catalog, qui recensait du matériel (livres, cours, outils, etc.) pour une vie centrée sur l’essentiel, autosuffisante, peu polluante. Cette publication « ouverte à la participation des lecteurs, qui pouvaient envoyer leurs commentaires, retours d’expérience ou notices supplémentaires », passe aujourd’hui pour une préfiguration du Web 2.0, nouveau terrain de jeu du DIY. Car la recherche des circuits courts et la réappropriation des moyens de production ne vont pas sans un partage de l’information.

En développant des logiciels libres distribués gratuitement, les acteurs du Web et des technologies informatiques font aujourd’hui « sauter les verrous imposés par les industriels ». Parallèlement, la démultiplication des « fab labs » – ces ateliers locaux mettant gratuitement à disposition de tous des logiciels de création numérique, connectés à de petites machines-outils – permet à tous de « se réapproprier les outils, les ressources locales et les savoir-faire de base » et de réaliser ses propres productions « en quittant le monde de la dépendance et de la surconsommation », analyse Matthieu Vergote.

Dans la quête « d’expression de sa propre créativité, de divertissement, du plaisir de faire de ses mains » que porte le DIY, « le rôle d’Internet est encore déterminant, avec une profusion de blogs, de sites dédiés à la création », poursuit le spécialiste en innovation. Antigaspi, accessible à tous les budgets et déclinable selon vos talents, le DIY dessine aussi un lien d’attention entre celui qui crée et celui qui reçoit. Cette année, on essaie ?

 

3 idées cadeaux étape par étape :

- Un kit à riz au lait (par Marion Poirot)

- Une barre de massage orange-cannelle (par Émilie Hébert)

- Un terrarium (par Guillaume Verdegay)

 

Retrouvez aussi notre sélection d’autres coins à bonnes idées

 

> À lire :

Do it Yourself, 50 objets design à faire soi-même, de Thomas Bärnthaler, Phaidon, 24,95€. 
Le Grand Livre du DIY, la bible de toutes les techniques, d’Émilie Guelpa, Marabout, 29€. 
Mes soins bio, 40 recettes pour bébé et maman, d’Émilie Hébert, Eyrolles, 13€. 

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