Quand l’école forme les écolos du futur

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Posé et pédagogue, Thierry Lerévérend, directeur de la Fondation pour l’éducation à l’environnement en Europe, intervient devant une classe de CM2 de l’école Jean-Charcot, à Blois (45), afin de sensibiliser les élèves au réchauffement climatique. Il se plie ce jour-là à l’exercice du débat, dans le cadre de la première édition de la Semaine du climat, qui a eu lieu du 5 au 10 octobre, à l’initiative de l’Éducation nationale.

De la théorie à la pratique

Sur le tableau, il a dessiné la Terre, entourée par l’atmosphère. « Les activités humaines ajoutent des particules dans l’atmosphère et augmentent trop la température. Cela provoque la fonte des glaces, des inondations, des sécheresses, un risque pour l’alimentation. Des animaux peuvent même disparaître. » Il interpelle alors la classe : « Que pourriez-vous proposer par rapport aux usines ? » « On peut réutiliser les choses plutôt que les brûler dans les usines », lance Angéli, tandis que Méri poursuit : « On pourrait faire ce qu’il faut vraiment. » L’intervenant approuve : « Nous pouvons tous réfléchir à notre consommation, ne pas acheter des choses si on n’en a pas besoin. » Et les enfants de hocher la tête. « En conclusion, tout le monde est-il d’accord pour dire qu’il faut faire quelque chose pour le climat ? » La réponse fuse, unanime : « Ouiiiiiii ! » Mission accomplie. L’enseignant résume la séance au tableau : moins de transports, moins d’usines, réduction des déchets, recycler, préserver les forêts, consommer moins.

L’éducation au développement durable (EDD) fait partie des nouveaux programmes, de la maternelle au baccalauréat, et elle est intégrée à chaque discipline. « La théorie ne suffit pas, insiste Thierry ­Lerévérend, les enfants apprennent aussi par la pratique : tout l’enjeu consiste à les ancrer dans une réalité qui rejoint leur quotidien. » L’école Jean-Charcot de Blois n’a pas attendu des directives ministérielles pour s’y atteler, comme l’indique la directrice, Alice Laurent : « Depuis cinq ans, nous organisons le recyclage, le ramassage des déchets dans la cour, une sensibilisation au gaspillage alimentaire. »

Des programmes ludiques et interactifs

De telles initiatives sont amenées à se développer en France : sorties nature et jardin pédagogique en primaire. Au collège et au lycée, l’élection d’écodélégués – notamment responsables d’enseigner à leurs pairs le tri des déchets à la cantine – est désormais obligatoire. « La Cop 21 est une opportunité pour créer une dynamique, pour mobiliser toute la société, mais aussi la jeunesse, précise à La Vie la ministre de l’Éducation nationale, Najat Vallaud-Belkacem. D’un point de vue structurel, le changement climatique est un problème réel pour nos générations et plus encore pour les générations futures. Aussi faut-il les associer dès aujourd’hui, les responsabiliser, afin d’éviter que la situation se dégrade. Chacun à son niveau peut apporter une part de solution. » Avec ses étapes dans 18 villes en octobre, le Train du climat a déjà sensibilisé 3500 scolaires grâce à son exposition ludique et interactive installée à bord. Enfin, l’opération Un arbre pour le climat (unarbrepourleclimat.fr), parrainée par l’Éducation nationale, a déjà permis de planter plus de 14.000 arbres.

À l’occasion de la Cop 21, les lycéens seront invités à simuler en classe les négociations, chaque élève tenant le rôle d’un pays. Une façon de mieux percevoir les enjeux. Lors du sommet au Bourget, un lieu leur sera dédié au sein des espaces Générations climat. Près de 3 000 élèves y seront reçus.

Le 4 décembre, les ministres de l’Éducation du monde entier feront une déclaration commune. Une première et un signe : cet engagement n’est plus dévolu aux seuls tenants de l’écologie. Modifier les comportements de la société de consommation passe aussi par l’éducation et l’appropriation de ces petits gestes du quotidien. Un petit geste pour l’homme, un réel mouvement pour l’humanité.

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