Comment expliquer les attentats aux enfants ?

Standard

1. Dire la vérité et rassurer

La première chose est de ne pas cacher la réalité des choses. C’est un événement si important que de toute façon, les enfants en entendront parler à l’extérieur du foyer. Lors de la minute de silence de lundi si les écoles sont bien rouvertes notamment. Il vaut mieux dire au moins une ou deux phrases sur la situation, ne serait-ce que pour désamorcer le discours de la cour de récréation. Tous les parents n’ont pas les mêmes réactions, certains transmettent une panique qui sera véhiculée par leurs enfants à d’autres. Le rôle des parents est donc d’assurer aux enfants qu’ils sont en sécurité. On leur explique que cela s’est passé dans une autre ville si on est en province, dans un autre arrondissement si on habite à Paris. Et même si on habite dans le même arrondissement, ça n’empêche pas d’affirmer que c’était « loin de la maison ». On leur dit qu’ils sont protégés par les parents à la maison, par les enseignants et les surveillants à l’école, et par les policiers dans la rue.

2. Choisir ses mots, en décrypter d’autres

On peut dire tout simplement que « des méchants sont venus dans Paris et ont tué des gens ». Il ne faut pas avoir peur des « vrais mots » : morts, blessés, sang, peur… D’autres termes sont plus compliqués pour les enfants. Ils ont forcément entendu le mot « guerre ». Il est important de leur dire que c’est une façon de parler, un mot employé pour résumer la situation et que ce n’est pas la guerre comme à la télé et dans les films.

3. Ne pas devancer leurs questions mais rester disponibles

S’ils ne posent pas plus de questions que les quelques informations factuelles que vous leur donnez, pas besoin d’aller plus loin ou de donner trop de précisions et d’explications. S’ils ne réagissent pas au-delà, ils sont peut-être en train de digérer ce que vous leur avez dit. Ou alors ils ne ressentent pas la dangerosité ou le caractère exceptionnel des choses. En revanche, dites-leur que vous êtes disponible s’ils ont n’importe quelle question.

4. Ne pas cacher ses propres émotions

Oui, un parent peut dire qu’il a peur, mais il doit aussi assurer que c’est passager, même s’il est submergé par l’émotion : « Moi aussi, je trouve que ça fait peur. Aujourd’hui, ce week-end, on reste à la maison pour souffler, pour comprendre ce qui s’est passé, mais ça va aller, ma peur va passer ». On leur dit aussi qu’ils ont bien entendu le droit d’avoir peur et qu’il vaut mieux le dire dans ces cas-là. Le mot d’ordre, c’est de rassurer et d’expliquer. Quand les consignes sont de limiter les déplacements, les adultes sont tentés de passer beaucoup de temps devant les chaines d’info continue. Après 10 ans, on peut regarder certaines images avec les enfants. Avant 10 ans, on les tient à l’écart des images. Et surtout, on pense à débrancher, à être à la maison avec eux, à leur consacrer du temps.

5. Réagir à temps

Ce premier week-end, c’est normal que la peur puisse prendre le dessus. Mais si au bout de quelques jours l’enfant ne dort pas, ne mange pas, que vous voyez qu’il oublie plein de choses, qu’il n’arrive pas à se concentrer parce que les attentats prennent toute la place, il ne faut pas hésiter à consulter un psy, avant que l’anxiété ait le temps de s’installer.

6. Accompagner la suite du processus

Lundi, les enfants devraient vivre une minute de silence, des tables rondes à l’école. Ils ne seront plus à la maison mais parmi leurs pairs. Ce seront d’autres informations qu’ils entendront. Lundi soir, ce sera important de débriefer la journée avec eux. Mais l’école est aussi une échappatoire. L’objectif est d’y sortir de l’émotionnel pour se consacrer à l’apprentissage, et c’est tant mieux. Sinon l’anxiété envahirait tout. Vigipirate renforcé, ça devient vite une routine pour eux, et les vigiles, des alliés, une fois dépassé le côté impressionnant. Les parents peuvent expliquer : « Tu es déjà en sécurité à l’école, mais avec ces barrières et ces vigiles ou ces policiers, tu es encore plus à l’abri, en super-sécurité ». Il ne faut pas hésiter à en faire « un peu trop ».

7. Les aider à se projeter

Après la sidération et la peur, il faut renaitre. On peut dire aussi, « une fois le choc passé », que l’on est prêt à être dans l’action, à résister. D’une certaine manière, depuis les attentats de Charlie Hebdo, les enfants ont appris à vivre avec. Ils savent « quoi faire ». Ils ont appris que les gens n’avaient pas peur, qu’ils étaient à descendre ensemble dans la rue et qu’il ne fallait pas donner raison à notre peur.

8. Et avec les ados…

Sur le plan émotionnel, les ados sont à vif. Si vous avez l’impression qu’ils sur-réagissent, c’est plutôt mieux que s’il ne se passe rien. Mieux vaut qu’ils pleurent toute la journée, plutôt que leurs émotions se mettent en veille et que le traumatisme explose a posteriori. Et bien sûr, les parents peuvent employer avec eux des mots d’adultes, ils sont prêts à entendre la vérité.

Leave a Reply