Rosetta, Philaé, la comète et les étoiles filantes…

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Fin juillet, à l'approche du Soleil, la comète Churyumov-Gerasimenko connaît une brusque éruption. Un jet de gaz et de poussières s'élève au dessus de la surface de la comète, durant une dizaine de minutes seulement. Le jet, expulsé à plus de 10 mètres par seconde, s'échappe à tout jamais dans l'espace. Photo ESA.

Fin juillet, à l’approche du Soleil, la comète Churyumov-Gerasimenko connaît une brusque éruption. Un jet de gaz et de poussières s’élève au dessus de la surface de la comète, durant une dizaine de minutes seulement. Le jet, expulsé à plus de 10 mètres par seconde, s’échappe à tout jamais dans l’espace. Photo ESA.

« Aucune nouvelle de Philaé ». Voilà, en substance, ce que nous dit la sonde Rosetta dans son langage numérique depuis près de trois mois. En juin dernier, le courageux petit robot avait donné des signes de vie, après sept mois de silence, transmis quelques données, puis, plus rien. Que s’est-il passé à la surface de la comète Churyumov-Gerasimenko, où est posé de guingois le petit engin gros comme une machine à laver ? Philaé est-il tombé en panne ? Le module, perturbé par l’activité de la comète près du Soleil, a t-il été brisé, renversé, recouvert de poussière ? Est-il toujours en bon état de marche mais incapable de transmettre des signaux à Rosetta, elle-même très éloignée de la comète pour des raisons de sécurité ?

Sur cette image prise par la sonde Rosetta, des poussières et des blocs échappés de sa surface dessinent une constellation étoilée. Photo ESA.

Sur cette image prise par la sonde Rosetta, des poussières et des blocs échappés de sa surface dessinent une constellation étoilée. Photo ESA.

Nous l’ignorons, mais il est à craindre que Philaé soit perdu à tout jamais… Parce que désormais, la comète s’éloigne progressivement du Soleil, alors que son activité est toujours très importante. Rosetta ne pouvant, dans les semaines ou même les mois qui viennent, se rapprocher de Churyumov-Gerasimenko, il est probable que lorsque les ingénieurs tenteront de reprendre contact avec le module, celui-ci se sera endormi… à tout jamais. Les dernières tentatives de contact avec Philaé auront lieu entre octobre et décembre, ensuite, il sera trop tard.
Et si Rosetta tourne actuellement à plus de quatre cents kilomètres de la comète Churyumov-Gerasimenko, c’est que celle-ci, chauffée par son passage près du Soleil le 13 août dernier, connaît une activité spectaculaire. Sa surface se désagrège littéralement sous les yeux de Rosetta, jets de gaz et de poussières projetant mille milliards d’étoiles filantes dans le ciel d’ébène, blocs de cinquante mètres s’échappant de la surface en roulant silencieusement sur les vagues de l’espace… Dans de telles conditions de météo spatiale, rapprocher la sonde, ce serait la condamner à coup sûr.

Ce bloc qui s'échappe de la surface de la comète Churyumov-Gerasimenko – au centre de l'image -  mesure environ 50 mètres ! Photo ESA.

Ce bloc qui s’échappe de la surface de la comète Churyumov-Gerasimenko – au centre de l’image – mesure environ 50 mètres ! Photo ESA.

Pas question de prendre le moindre risque, car après le succès extraordinaire de la mission Rosetta, ingénieurs et chercheurs européens veulent poursuivre l’étude de la comète. Dans quelques mois, lorsque son activité se sera apaisée, ils pourront observer en détail la surface de l’astre et découvrir quels bouleversements auront provoqué son passage auprès du Soleil, à 185 millions de kilomètres. En attendant l’apothéose, probablement, de la mission : le posé de Rosetta à la surface de la comète, à la fin de l’année 2016…
Serge Brunier

En juin 2015, la sonde européenne Rosetta a du s'éloigner progressivement de la comète, le halo de poussières entourant celle-ci devenant trop dangereux. Pour preuve, cette image étonnante prise par la sonde européenne, des millions de poussières brillant au Soleil, dans le noir de l'espace... Photo ESA.

En juin 2015, la sonde européenne Rosetta a du s’éloigner progressivement de la comète, le halo de poussières entourant celle-ci devenant trop dangereux. Pour preuve, cette image étonnante prise par la sonde européenne, des millions de poussières brillant au Soleil, dans le noir de l’espace… Photo ESA.

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