Catéchisme en famille : “Pour transmettre la foi, scandalisons nos enfants par la joie”

Standard


Le confinement nous a fait vivre un temps inédit de culte à domicile. Quel est votre regard sur cette expérience familiale ?


Nous avons découvert à la fois l’importance de l’église domestique et son insuffisance. Certaines familles ont vécu quelque chose de très fort durant cette période qui, pour nous, à Rome, a duré de début mars à mi-juin. Chaque soir, après le dîner et avant une série télévisée, nos enfants s’improvisaient sacristains et préparaient le coin prière. Nous relisions notre journée avec les yeux de la foi, échangions nos intentions de prière, partagions ce qui nous habitait – peurs, joies, désirs, attentes… C’était une manière de favoriser l’intériorité. Puis un petit « bavardage » avec Dieu s’est instauré. Pourtant, nous avons éprouvé le besoin de retourner à l’église, le besoin de frères, de vie communautaire, et la grâce du sacerdoce, qui nous donne ce que nous ne pouvons nous donner à nous-mêmes : le corps du Christ.

Depuis dix ans, le succès du service civique

Standard


« Je voulais devenir chercheur, relate Baptiste. Mais après une licence de géographie et une année de recherche, j’avais besoin de me poser, prendre du recul. » Il signe alors un service civique chez les Scouts et Guides de France, à 25 ans. Un âge où un CDD aurait représenté une option plus lucrative… « J’aspirais à me donner du temps. Ce fut possible car mes parents m’ont aidé financièrement », concède-t-il.


Ouvert à tous les jeunes de 16 à 25 ans, élargi à 30 ans en cas de handicap, ce contrat spécifique, encadré par la loi du 10 mars 2010, a déjà été plébiscité par 435.000 jeunes. Sans condition de diplôme ni d’expérience, le volontaire remplit une mission d’intérêt général de 6 à 12 mois, au sein d’une structure à but non lucratif, dans l’un des neuf domaines d’intervention recensés par l’État : culture et loisirs, humanitaire, éducation, etc. Pour un engagement hebdomadaire de 24 à 48 heures,…

“Le RSA apporterait aux jeunes précaires une vraie stabilité”

Standard


De plus en plus de voix s’élèvent pour réclamer la mise en place d’un revenu de solidarité active pour les jeunes à partir de 18 ans. Qu’en pensez-vous ?


Ce débat est aujourd’hui porté, à juste titre, par les organisations syndicales, les personnels sociaux et les associations de solidarité, y compris par des acteurs comme le Secours catholique, ATD Quart Monde ou les Apprentis d’Auteuil. Tous demandent l’ouverture des minima sociaux pour les jeunes à partir de 18 ans. En effet, ces derniers ont été durement touchés par la crise : un sur cinq vit en dessous du seuil de pauvreté. Qu’ils soient étudiants, en formation ou en recherche d’emploi, ils n’ont souvent pas d’autre solution que d’utiliser le système D, avec des petits boulots ou du travail au noir, pour subsister.


Emploi : Malgré la crise, les jeunes s’accrochent


Or, avec la crise sanitaire, ces petits boulots se sont considérablement restreints, notamment dans le domaine de la restauration. Certes, une aide de 200 euros a été versée en juin, trois mois après le début de la crise, à des étudiants qui avaient perdu un revenu lié à leur stage. Mais, outre le fait qu’elle était insuffisante, cette prime n’a concerné qu’une toute petite partie de la jeunesse. Les plus précaires, ceux qui ne touchent pas d’aide personnalisée au logement (APL) et qui sont hébergés par des tiers ou dans des centres d’hébergement d’urgence, n’en ont pas bénéficié. Il y a des failles dans notre protection sociale.


Comment expliquer cette situation ?


Notre système de protection sociale n’a pas été suffisamment rénové. Il est encore fondé sur des principes où l’on enchaînait assez facilement la période de prise en charge par la famille avec un emploi stable qui garantissait la sécurité sociale et l’accès aux droits. Il n’a pas pris en compte le fait que la jeunesse était une période à risques, comme l’est la dépendance pour les personnes très âgées, pour lesquelles on a été capable d’aménager des droits, même s’il reste encore beaucoup à faire. Avec la démocratisation de l’enseignement supérieur et l’allongement des études, de plus en plus de jeunes tardent à entrer sur un marché du travail… où ils ne sont pas toujours les bienvenus. Dans les années 1970, on pouvait trouver du travail à 20 ans. Il fallait attendre 22 ans, dans les années 1990. L’âge du « premier emploi stable » (CDI ou CDD de plus d’un an) est aujourd’hui de 27-28 ans. L’État considère que c’est à la famille d’assurer les ressources des enfants, par le biais de ce qu’on appelle l’obligation alimentaire. Sauf que ce système marche pour les familles qui ont des moyens, ou qui reçoivent des aides de l’État, selon le quotient familial. Mais ça ne fonctionne plus dès que la famille ne paie pas d’impôt sur le revenu, ce qui représente plus de la moitié de nos concitoyens.


Génération “Covid” : le défi jeune


Il y aurait donc une reproduction des inégalités liée à notre système de protection sociale ?


Tout à fait. Un enfant d’une famille pauvre a beaucoup moins de chances de s’en sortir que les autres, car il ne bénéficie pas des mêmes protections. C’est ce qui explique qu’il y ait si peu d’étudiants issus des classes populaires à l’université. Sans compter le fait que beaucoup de jeunes, qu’ils viennent de l’Aide sociale à l’enfance (Ase) ou qu’ils aient une orientation sexuelle qui déplaît à leurs parents, sont en rupture familiale. Beaucoup d’entre eux se retrouvent dans une grande précarité. Toutes les aides qui peuvent alors leur être apportées, telles que la Garantie jeunes, ne sont que provisoires et ne leur permettent pas de construire sereinement leur avenir. Le RSA, lui, leur apporterait une vraie stabilité et leur permettrait d’avoir accès à un logement social ou à des prêts bancaires, car ils bénéficieraient d’un revenu régulier. De plus, la Garantie jeunes n’est pas un droit, elle n’est qu’un dispositif aléatoire qui fluctue en fonction des décisions budgétaires de chaque gouvernement. Être bénéficiaire des minima sociaux permet aussi d’avoir accès plus facilement aux transports en commun.


Toutes les aides actuelles ne sont que provisoires et ne leur permettent pas de construire sereinement leur avenir.


Il existe pourtant un RSA jeune pour ceux qui sont chargés de famille. Quel bilan peut-on en tirer ?


Certes, cette allocation a le mérite d’exister, mais elle ne concerne qu’une toute petite partie de la jeunesse. S’il s’agit d’inciter les jeunes à faire des enfants, pourquoi pas, mais est-ce vraiment le bon moyen de les aider à s’insérer dans le monde du travail ? Il existe aussi un RSA jeune actif, mais dont les conditions d’obtention sont draconiennes : il faut avoir travaillé 18 mois au cours des deux ou trois années précédentes. C’est le meilleur moyen de faire en sorte que ça ne marche pas. Exiger le RSA pour les 18-25 ans, ce n’est pas seulement leur assurer un revenu minimum. C’est aussi mettre en place un accompagnement vers un projet d’insertion sociale et professionnelle et leur ouvrir des formations adaptées pour les aider à trouver un emploi. Ce que font très bien les missions locales depuis 40 ans. On sait que, globalement, le RSA a été un échec sur cette question de l’accompagnement. Mettre en place un tel dispositif pour les jeunes profiterait à tous les bénéficiaires de ce revenu. Nous devons sortir d’une logique d’assistanat.


Y a-t-il bon espoir que le gouvernement évolue sur cette question ?


En Suède ou au Danemark, comme dans un quart des pays européens, ce système d’aide bénéficie à tous les jeunes de plus de 18 ans. Cela devrait nous servir d’exemple. De fait, cette mesure représenterait un coût financier pour l’État : environ 5 milliards d’euros. Mais il faut la voir comme un investissement pour l’avenir et donc comme une source d’économie face aux dépenses générées par des aides conjoncturelles qui n’aboutissent à rien. On gagnerait beaucoup à travailler sur des mesures structurelles, qui adapteraient le système de protection sociale à la question de la jeunesse. Il faut bien comprendre que le chômage de masse et l’exclusion des jeunes ont aussi un coût. Et il est bien plus élevé que le RSA lui-même.

Travail : “Il faut savoir arrêter la course effrénée de nos journées”

Standard


Quelle leçon tirer du confinement dans notre rapport au travail et à la famille, qui pourrait nous aider à bien commencer l’année ?


Le confinement a révélé ce temps nécessaire et incompressible à accorder à la famille. Chacun a été contraint de faire une pause en restant à la maison. Pour certains, comme mon mari et moi-même, cela a permis d’accorder une plus grande importance au suivi scolaire de nos enfants. Nous étions bien sûr convaincus du caractère essentiel de la famille, nous l’avions écrit noir sur blanc, mais c’est autre chose de le vivre dans les multiples activités de tous les jours. Même chez des personnes de bonne volonté, le travail a tendance à prendre toute la place, au détriment de la vie conjugale et familiale. Nous ne savons pas encore à quelle sauce nous allons être mangés cette année – télétravail, école à la maison, confinements ciblés, etc. – mais une chose est sûre : nous avons déjà de l’entraînement, et nous essaierons de conserver…

Boris Cyrulnik : “L’inégalité sociale commence dès l’utérus”

Standard


Auriez-vous imaginé la tenue de cette commission pluridisciplinaire il y a quelques années ? 


Non ! Lorsque j’ai commencé à travailler dans cette perspective, en 1982, tout le monde était contre moi. On arguait un risque de cafouillis, un manque de profondeur ; mieux valait que chacun soit spécialisé dans son domaine. Les Prix Nobel ont leur utilité et je ne les conteste pas. Mais réunir nos expériences de praticiens – neurologues, psychologues, sages-femmes, etc. – permet de recueillir un savoir transversal qui a aussi son utilité. Nous, laboureurs qui avons les pieds sur terre, « élaborons » aussi, selon l’expression de Rabelais. Cette attitude est d’ailleurs désormais recommandée par le CNRS, l’Agence régionale de Santé ou l’Agence nationale de Sécurité sanitaire. 


Sur les réseaux sociaux, des parents lèvent le tabou de la trisomie 21


Comment s’est imposé l’enjeu de la toute petite enfance ? 


Il demeure en France des entraves culturelles fortes à son accueil : les femmes enceintes et les jeunes mères dépriment, les pères ne savent pas prendre leur place, les employeurs grimacent face à la perspective de congés maternité, paternité, parentaux. Quand j’étais gamin, seuls 3 % des jeunes allaient jusqu’au bac. A 20 ans, toutes mes copines avaient déjà un ou deux enfants, tandis que les garçons travaillaient aux champs, à l’usine ou dans des ateliers d’artisans. Jadis, une naissance était fêtée, la famille n’était pas loin, soutenante. La jeune mère était entourée. A notre époque, une jeune femme met au monde son premier enfant en moyenne à 31 ans. Je rappelle que la fécondabilité est à son apogée autour de 25 ans, c’est aussi pourquoi les grossesses sont si médicalisées et davantage anxiogènes, ponctuées d’examens, de prises de sang et d’attentes angoissées des résultats. La jeune maman a fait des études, commencé sa carrière, et parfois n’a jamais tenu un bébé dans les bras ! Elle se retrouve seule, avec ce petit être dont elle ne sait pas s’occuper et qui l’angoisse. Elle se réfugie dans des livres de parentalité qui donnent des informations mais ne sécurisent pas. Sa mère est loin, encore en activité, débordée comme le sont les grands-parents d’aujourd’hui. Cette révolution des mœurs a eu lieu en seulement deux générations. 


Cet accueil carencé de l’enfant serait donc le fruit de notre société individualiste, caractérisée par la fragilité de ses liens et son faible taux de fécondité ? 


La jeune mère souffre d’isolement et du fait que tout repose sur ses épaules. Il existait au Moyen-Age et jusqu’à la fin du XIXe siècle un « lit des relevailles », situé au centre de la pièce. Si la parturiente disait « je suis fatiguée », les autres femmes de la maison lui disaient de s’allonger et prenaient le relais auprès de l’enfant. Jamais il n’était laissé seul. Dans cette culture, on avait le droit d’être fatigué. L’explosion de burnout ne s’expliquerait-elle pas par le fait que ce droit naturel et légitime à se reposer est confisqué par la nôtre ? Les chiffres sont alarmants : 10 à 15 % de dépressions maternelles dans les quartiers riches, jusqu’à 30 % dans les quartiers pauvres. 


Il existait au Moyen-Age et jusqu’à la fin du XIXe siècle un « lit des relevailles », situé au centre de la pièce. 


Qu’en est-il des hommes ? 


Les hommes aussi affrontent une révolution culturelle sans précédent, eux qui travaillaient en groupe, désormais livrés à eux-mêmes, seuls derrière leur ordinateur. Le culte de la performance qui induit un sprint permanent produit déjà ses effets délétères dans les pays où la compétition sociale est favorisée. Trouver leur place n’est pas évident. Les garçons décrochent de plus en plus au Japon, au Canada, aux Etats-Unis, et cela arrive en France. Au Japon, par exemple, les évaluations scolaires des garçons de 12 ans font apparaître deux ans de retard par rapport aux filles. Ce phénomène socio-culturel est inquiétant, a fortiori lorsqu’il a pour corollaire une valorisation culturelle de la violence virile, qui existe dans les pays en guerre : les garçons doivent apprendre à se battre pour être respectés et survivre. 


Parmi les risques qui pèsent sur la femme et l’enfant, vous relevez celui des violences conjugales. Comment les expliquez-vous aujourd’hui ? 


La violence conjugale ne cesse d’augmenter, malgré les campagnes de prévention publique, et le confinement a suscité des situations dramatiques. Cette maltraitance commence dans la majorité des cas lorsque la femme est enceinte. Elle est…

Bac mention “covid” : et après ?

Standard


« Nous avons le bac en poche mais, en supprimant les épreuves, c’est tout de même quelque chose de mythique qu’on nous a retiré cette année », confie Jean-Baptiste, sortant d’une terminale ES. Si cette édition 2020 s’illustre une fois de plus par un taux de réussite record (95,7% des candidats l’ont obtenu au total à l’issue des rattrapages, soit sept points de plus que l’an passé), la valeur de cet examen est plus que jamais remise en cause. Toutes les épreuves ayant été annulées en raison de la crise sanitaire, les élèves de première et de terminale n’ont été évalués que sur la base du contrôle continu des premier et deuxième trimestres. L’extrême bienveillance du jury chargé d’harmoniser les notes a exacerbé une polémique déjà alimentée par la colère de certains professeurs, regrettant d’être contraints d’adoucir leur notation et leurs appréciations.


Pourtant, Jean-Michel Blanquer avait assuré que le bac 2020 ne serait pas un « bac au rabais », même s’il se disait conscient que le diplôme de cette année « aur(ait) beaucoup de mal à avoir la même valeur que les autres, car la situation (était) particulière ». Les bacheliers 2020 seront-ils alors la génération d’un diplôme sans valeur ? Quel avenir se joue pour eux, dans une société où les débouchés professionnels semblent avoir subi durablement l’impact de la crise ? « Ce qui est sûr, c’est que cet épisode a généré une certaine anxiété peu favorable aux apprentissages », souligne Pierre Merle, sociologue spécialiste de l’éducation.


Privés d’un rite de passage


« J’ai observé trois types de réactions à l’annulation des épreuves », explique Florence Holstein, professeure d’histoire-géographie dans un lycée aux niveaux hétérogènes. Les élèves les moins bons et « qui n’ont jamais vraiment travaillé », étaient « ravis d’avoir des vacances supplémentaires ». Les meilleurs élèves ont été très déçus d’être privés de ce « rite de passage, et d’une occasion de plus de faire leurs preuves ». Les élèves ayant une moyenne générale de 12-13 auraient aimé pouvoir « donner un coup de collier et augmenter un peu leur niveau ». C’est le cas de Jean-Baptiste, qui espérait décrocher un baccalauréat économique avec mention. Il est néanmoins d’accord pour dire que le bac 2020 a été « donné », au vu du peu de travail fourni par les jeunes de son entourage, surtout en lycées publics.


« Globalement, le cadre étant moins contraignant, insiste Pierre Merle, les élèves n’ont pas étudié autant qu’ils auraient dû. On peut critiquer le bachotage habituel des épreuves, mais il permet au moins d’assimiler davantage les connaissances de l’année. » Cet ancien professeur de lycée rappelle que les attaques contre les exigences du baccalauréat « ont existé quasiment dès la création du bac, en 1808 ». Mais, cette année, l’absence d’épreuves écrites alimente particulièrement la critique du niveau des élèves. 


(…)

Bac mention “covid“ : et après ?

Standard


« Nous avons le bac en poche mais, en supprimant les épreuves, c’est tout de même quelque chose de mythique qu’on nous a retiré cette année », confie Jean-Baptiste, sortant d’une terminale ES. Si cette édition 2020 s’illustre une fois de plus par un taux de réussite record (95,7% des candidats l’ont obtenu au total à l’issue des rattrapages, soit sept points de plus que l’an passé), la valeur de cet examen est plus que jamais remise en cause. Toutes les épreuves ayant été annulées en raison de la crise sanitaire, les élèves de première et de terminale n’ont été évalués que sur la base du contrôle continu des premier et deuxième trimestres. L’extrême bienveillance du jury chargé d’harmoniser les notes a exacerbé une polémique déjà alimentée par la colère de certains professeurs, regrettant d’être contraints d’adoucir leur notation et leurs appréciations.


Pourtant, Jean-Michel Blanquer avait assuré que le bac 2020 ne serait pas un « bac au rabais », même s’il se disait conscient que le diplôme de cette année « aur(ait) beaucoup de mal à avoir la même valeur que les autres, car la situation (était) particulière ». Les bacheliers 2020 seront-ils alors la génération d’un diplôme sans valeur ? Quel avenir se joue pour eux, dans une société où les débouchés professionnels semblent avoir subi durablement l’impact de la crise ? « Ce qui est sûr, c’est que cet épisode a généré une certaine anxiété peu favorable aux apprentissages », souligne Pierre Merle, sociologue spécialiste de l’éducation.


Privés d’un rite de passage


« J’ai observé trois types de réactions à l’annulation des épreuves », explique Florence Holstein, professeure d’histoire-géographie dans un lycée aux niveaux hétérogènes. Les élèves les moins bons et « qui n’ont jamais vraiment travaillé », étaient « ravis d’avoir des vacances supplémentaires ». Les meilleurs élèves ont été très déçus d’être privés de ce « rite de passage, et d’une occasion de plus de faire leurs preuves ». Les élèves ayant une moyenne générale de 12-13 auraient aimé pouvoir « donner un coup de collier et augmenter un peu leur niveau ». C’est le cas de Jean-Baptiste, qui espérait décrocher un baccalauréat économique avec mention. Il est néanmoins d’accord pour dire que le bac 2020 a été « donné », au vu du peu de travail fourni par les jeunes de son entourage, surtout en lycées publics.


« Globalement, le cadre étant moins contraignant, insiste Pierre Merle, les élèves n’ont pas étudié autant qu’ils auraient dû. On peut critiquer le bachotage habituel des épreuves, mais il permet au moins d’assimiler davantage les connaissances de l’année. » Cet ancien professeur de lycée rappelle que les attaques contre les exigences du baccalauréat « ont existé quasiment dès la création du bac, en 1808 ». Mais, cette année, l’absence d’épreuves écrites alimente particulièrement la critique du niveau des élèves. 


(…)

Sur les réseaux sociaux, des parents lèvent le tabou de la trisomie 21

Standard


« Ils n’ont plus honte. Leur enfant est beau, leur vie est belle. » Clotilde Noël résume un phénomène qui a pris beaucoup d’ampleur ces dernières années : la présence de nombreux parents d’enfants trisomiques sur les réseaux sociaux… et le large intérêt qu’ils suscitent. Elle-même mère adoptive d’une petite fille porteuse de trisomie 21, auteure de plusieurs livres sur le sujet dont le dernier s’intitule Risquer l’infini (Salvator), elle anime la page Facebook Tombée du nid, « une communauté pour changer le regard sur le handicap et soutenir les familles de nos petits poussins », forte de ses 54.000 abonnés. Portées par la tendance à la mise en scène de soi sur les réseaux sociaux, ces familles pourraient bien briser le tabou qui entoure la trisomie 21, et plus largement, le handicap mental.


Comme un cri du cœur


La plupart de ces histoires débutent aux alentours de 2015, à un moment où les réseaux sociaux, bien ancrés dans le paysage mental des Français, ne sont plus l’apanage des seuls adolescents. Souvent, elles commencent comme un cri du cœur, celui d’une mère blessée par le regard biaisé que l’on pose sur son enfant. C’est ainsi qu’un jour de juin, Caroline Boudet publie une photo de sa fille sur sa page Facebook avec un texte qui commence par ces mots : « Elle, c’est ma fille. Louise. Qui a quatre mois, deux bras, deux jambes, des bonnes grosses joues et un chromosome en plus. »


« Ma femme entendait beaucoup de remarques qui “essentialisaient” Louise, la réduisaient à sa trisomie 21, raconte aujourd’hui son mari Rémy Bellet. Avant d’être un bébé “avec” une trisomie 21, c’était “une” trisomique. Ce ne sont pas des phrases malveillantes, mais extrêmement blessantes. » Par exemple : « C’est votre bébé malgré tout », « Ils sont gentils » et le classique : « Ça n’a pas été dépisté pendant la grossesse ? » Ce « coup de gueule/coup de larmes » est un buzz mondial. Pour continuer à donner des nouvelles de Louise, Caroline Boudet et son mari créent la page ExtraLouise, qui compte aujourd’hui 46.000 abonnés sur Facebook.


Au-delà du buzz, les parents sentent qu’ils ont les moyens de modifier le regard que portent les gens sur la trisomie 21 et le handicap en général. « On a bien compris que le premier handicap de Louise allait surtout être le regard des autres, explique Rémy Bellet. Dans cette optique, on montre suffisamment de notre famille pour donner un éclairage qui casse les stéréotypes et en même temps qui ne mente pas. » Les joies et les peines sont donc partagées au même titre. La joie d’un premier cours de danse comme la colère face au manque de moyens dans l’Éducation nationale pour scolariser leur fille dans de bonnes conditions. « Notre société est une société de l’image, indique Rémy Bellet, donc il est important d’être visible sur les réseaux sociaux, à la télé, dans les magazines. »


Nous ne changerons pas les choses par des grandes phrases, mais par ce que les gens verront de ces enfants.

– Clotilde Noël, mère d’une petite fille porteuse de trisomie 21


On trouve les mêmes ressorts chez Carole Deschamps, mère de l’Extraordinaire Marcel. Ce petit garçon compte aujourd’hui 52.000 abonnés sur Instagram et sur Facebook. « J’étais fière de mon fils – une fierté mal placée de maman ! – et j’avais envie que tout le monde le voie », raconte cette jeune femme de la région de Rennes qui ne connaissait rien à Instagram. Le 6 mars 2016, quatre mois après la naissance de Marcel, elle crée le compte l’Extraordinaire Marcel sur Facebook et y partage un texte à l’occasion de la Journée mondiale de la trisomie 21. « Le lendemain, il y avait 1.000 ou 2.000 abonnés », se souvient Carole Deschamps. Elle se mue peu à peu en community manager, et affine sa communication en ajoutant des photos de son fils et de sa famille. Quelques mois plus tard elle bascule sur Instagram, un réseau consacré au partage d’images et de vidéos. « On a un message à faire passer mais si on ne l’illustre pas, l’impact n’est pas le même », explique-t-elle. Une intuition partagée par Clotilde Noël : « Nous ne changerons pas les choses par des grandes phrases, mais par ce que les gens verront de ces enfants. »


De la politique au retour d’expérience


Si « changer les choses » fait partie intégrante de la démarche de ces parents, certains se questionnent sur leur rapport au militantisme : faut-il se lancer dans des campagnes plus politiques ? Au cœur de l’été, l’Assemblée nationale vote en seconde lecture le projet de loi bioéthique avec en son sein un amendement prévoyant l’élargissement du diagnostic pré-implantatoire dans le cadre d’une procréation médicalement assistée…

Des écrans et des enfants, le hic du numérique

Standard


Apéros Zoom, réunions professionnelles en visioconférence, cours en live, jeux, films, séries… Le temps passé sur écran pendant le confinement s’est accru. D’après « Covid-Écrans en famille », étude menée par Catherine Dessinges et Orélie Desfriches Doria, enseignantes des universités Lyon-III et Paris-VIII, les enfants âgés de 6 à 12 ans y ont passé 7 heures par jour, contre trois heures en temps normal !


Rentrée scolaire : l’école au-delà de l’écran


La crise sanitaire a fait basculer l’économie et l’activité humaine dans la transformation numérique. D’ordinaire à l’école, quelque 8% des élèves utilisent les technologies de l’information et de la communication à des fins d’apprentissage – ce chiffre varie de 4% en Allemagne à 81% au Danemark. Par ailleurs, environ 25% y ont recours en dehors du cadre scolaire, pour différents usages, selon la direction de l’évaluation, de la prospective et de la performance du ministère de l’Éducation nationale : recherches (73%), travail collectif en ligne (21%), exercices (32%). L’école est donc entrée de plain-pied dans l’ère Internet : espace de travail, classe virtuelle, vidéos, QCM en ligne, cahier de liaison, etc. Souvent, l’immersion enfantine fut progressive : connexion à la tablette familiale pour regarder les devoirs, clics sur les liens des vidéos recommandées par l’Éducation nationale, détour par YouTube pour écouter de la musique, inscription sur Instagram, Snapchat et Tiktok (réseaux sociaux officiellement interdits aux moins de 13 ans), connexion à des jeux en ligne gratuits, et voilà l’enfant dans le grand bain où il n’a plus pied…


Des parents qui s’adaptent


« Moi-même, j’ai lâché prise, reconnaît Marie-Alix Le Roy, qui travaille dans une agence de publicité. L’urgence était le télétravail. » Cette mère de deux enfants a créé le collectif Parents unis contre les Smartphones avant 15 ans, qui fédère 9700 membres sur Facebook, pour alerter parents et pouvoirs publics sur ses dangers : exposition aux ondes et à du contenu inapproprié, problèmes oculaires, risque d’addictions, etc.


« Nous vivons dans un monde numérique. Plutôt que d’interdire, mieux vaut accompagner, définir une règle et s’y tenir », souligne Natacha Didier, mère de trois enfants, qui vient de publier le jeu éducatif la Boîte à limites, à l’intention des 3-11 ans. Sous son toit, comme pour beaucoup, la gestion des écrans cristallisait bien des conflits. Le système de minuteur qu’elle a imaginé donne un cadre, responsabilise l’enfant et lui permet de prendre conscience du temps passé. L’Union nationale des associations familiales (Unaf) a dénoncé quant à elle, le 10 juillet, le fait qu’« un recours excessif aux écrans soulève des risques en matière de protection des données personnelles des familles, de gestion des cookies dont la problématique est encore trop méconnue du grand public, mais aussi de protection des mineurs à l’accès à des contenus inadaptés ». Elle recommande une campagne de sensibilisation grand public aux usages des écrans des enfants et adolescents, dans la lignée de la campagne annuelle du Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA). Elle portera aussi auprès de la Commission nationale de l’informatique et des libertés (Cnil) et des pouvoirs publics des principes de gestion des cookies, ces traceurs qui collectent et exploitent les données de navigation de l’utilisateur à des fins publicitaires.


Rentrée scolaire et numérique : paroles de profs


Une école sans écrans


Les professeurs, quant à eux, sont plutôt réservés à l’égard de la pression numérique à l’école. Beaucoup pointent leur manque de formation sur les outils et sur leur utilité pédagogique. D’après Synlab, association qui accompagne les enseignants dans la transition éducative, seuls 12 % d’entre eux ont instauré une classe virtuelle lors du confinement. Marie-Alix Le Roy prône une école sans écrans, « contrairement aux lobbys qui financent généreusement son équipement, y voyant davantage leur intérêt que celui de nos enfants. Les enseignants doivent croire en leur supériorité sur la machine. Ce sont eux, les vraies ressources illimitées. Ce sont eux qui apprennent à nos enfants à analyser un document, à exercer leur esprit critique, à faire des recherches pertinentes, à synthétiser l’information collectée ». `


Le ministre de l’Éducation nationale, Jean-Michel Blanquer, a déclaré le 26 juin : « La période de confinement que nous venons de vivre nous a obligés à travailler différemment. Elle a aussi changé des manières d’apprendre. Nous devons en tirer les leçons. » Aussi a-t-il lancé les états généraux du numérique, qui se tiendront les 4 et 5 novembre à Poitiers. Le ministre a esquissé plusieurs pistes : « Il y a certainement des outils à améliorer, des logiciels à développer, des bonnes pratiques à généraliser, des formations à réaliser. » Et fort à parier qu’avec ou sans reconfinement, l’école ne restera pas en mode avion.


À lire

Protégeons nos enfants des écrans, de Marie-Alix Le Roy, Mame, 9,90€.


Le collège de demain existe déjà

Standard


Accablés par la chaleur de cet après-midi de juin, quelques garçons se réfugient sous le préau. Dans la cour, six tilleuls alignés offrent une ombre bienvenue où discute un groupe de filles de 5e. Maya, 12 ans, porte un tee-shirt arc-en-ciel. Arrivée l’an passé, elle a découvert les spécificités de ce collège : « J’aime bien, on peut travailler à notre rythme… » Elle s’interrompt, embarrassée. « Elle est timide ! », l’excuse gentiment sa voisine, qui l’encourage à poursuivre. Alors Maya reprend, d’une traite : « Avant, dans mon autre école, je ne demandais jamais rien aux profs. Si je n’avais pas compris, j’essayais de me débrouiller toute seule le soir. Ici, on s’entraide et on n’a pas peur de poser des questions aux profs. »


Situé en territoire rural, à 30km de Roanne, au coeur d’un paysage verdoyant fait de parcelles bocagères où paissent les fameuses charolaises, le collège privé Pierre-Faure, de Chauffailles, est sous…